La saison du diable
1979. Au plus fort de la loi martiale instaurée par le président Marcos, quelques villageois rebelles tentent de résister…
Critiques
La façon qu’a le porte-étendard de la « nouvelle vague philippine » de transformer les codes des genres qu’il emprunte, atteint ici un niveau de radicalité fascinant. Son « opéra rock », puisque c’est ainsi qu’il le qualifie, se compose d’une succession de plans fixes, entièrement filmés dans un magnifique noir et blanc, dans lesquels tous les dialogues et monologues sont chantés, sur des airs récurrents assimilables à des mantras. Ce dispositif est avant tout un excellent moyen de nous faire pénétrer dans les complaintes d’un peuple soumis à une impitoyable dictature, et ainsi composer un vaste poème sous forme d’ode à la résistance, un message on ne peut plus intemporel. www.avoir-alire.com
Une fresque surréaliste avec des fantômes, des gens devenus fous à cause de la loi martiale et un dictateur à deux têtes, dit : « le caméléon », aussi connu sous le nom de Narciso, gardant dans sa nuque un visage mort, l’ancien lui, décédé depuis qu’il punit des innocents. […] Un an après le sublime La Femme qui est partie, Lav Diaz nous offre ce cadeau précieux, à la sonorité entêtante. www.chaosreign.fr
La jungle des films de Lav Diaz a toujours eu l’air plus ou moins hantée. Elle l’est ici très concrètement, à la fois par les miliciens de Marcos et par des créatures mythologiques. Ceux-ci se confondent d’ailleurs, dans un geste allégorique déjà utilisé avec talent par le cinéaste dans l’incroyable From What is Before. […] Même façon d’utiliser les métaphores pour mieux aborder le réel, même étirement du temps qui passe pourtant comme un rêve, même magie de se perdre dans des compositions hallucinées en noir et blanc, d’une beauté unique. Et pourtant, d’une certaine manière, La Saison du diable est encore plus radical que les films précédents du cinéaste. www.filmdeculte.com