Le bateau phare
1955. Le Capitaine Miller est en charge du Hatteras, un bateau-phare installé au large des côtes de la Virginie. Miller a servi dans la marine US pendant la guerre mais n'en a récolté nul honneur : ses origines allemandes n'ont fait qu'attirer sur lui la méfiance de sa hiérarchie, et surtout il est soupçonné d'avoir abandonné ses hommes à une mort certaine durant une mission. À cause de cette réputation de lâche, il croupit sur le Hatteras et a vu s'éloigner de lui son fils Alex. Après une altercation dans un bar, ce dernier est ramené par la police militaire à son père et se voit contraint de monter à bord du bateau-phare pour éviter la maison de correction. Quelques jours après son arrivée, l'équipage recueille encore trois nouveaux venus, trois hommes qui errent à bord d'un canot à la dérive et qui se révèlent être des malfrats en fuite...
Critiques
Huis-clos viril, Le Bateau-phare invoque les plus grands Losey, tels Accident ou The Servant dans sa peinture sans concession de jeux du pouvoir masculin et de sa violence irrépressible. Dans ce film claustrophobe et tendu au cordeau, le réalisateur élimine l’horizon et donne peu à voir l’étendue de l’océan, multipliant au contraire les lieux confinés, les barrières, les couloirs. La ressemblance entre Klaus Maria Brandauer et Jerzy Skolimowski, doublée de celle de son fils, renforce le trouble. Une fois de plus, le cinéaste montre combien il est passé maître dans l’art de distiller une tension à la fois sourde et paroxystique. www.culturopoing.com
Sans délaisser l'action et le suspense, Skolimowski signe une œuvre sombre et envoûtante, un drame profond et dérangeant qui lui ressemble énormément. Par l'impulsion qu'il donne au film au moment du tournage, par la précision avec laquelle il construit son récit, par la rigueur de sa mise en scène, il transforme un canevas très classique qui dans d'autres mains aurait donné un film d'action lambda en un récit mythique impressionnant, en une fable morale passionnante et complexe. www.dvdclassik.com
Rusé, Skolimowski cache tout d’abord son film sous les atours d’une série B nerveuse caractéristique de son époque (la BO de Stanley Myers et Hans Zimmer est typiquement eighties) pour transformer son thriller en un affrontement psychologique et philosophique entre deux hommes fondamentalement différents. www.bande-a-part.fr