Il n'y aura plus de nuit

De Eléonore Weber
France - 2020
1h15
documentaire
diffusion : 2021
E
P

Des images provenant d’hélicoptères sur le théâtre des opérations. L’œil insatiable des pilotes scrute le paysage. Les hommes qui sont visés ignorent qu’ils le sont, ils n’ont pas repéré d’où venait la menace. L’intervention a lieu sous nos yeux. Celui qui filme est également celui qui tue.

Séance unique le jeudi 15 février à 18h30 dans le cadre du Festival Filmer le Travail. Séance suivie d'une rencontre avec la réalisatrice Eléonore Weber et d'un buffet convivial.

Critiques

  • "Il y a toujours le risque de se tromper, mais une fois qu’on a ouvert le feu, il est difficile de s’arrêter" ; "Ils sentent qu’un oeil est posé sur eux, un œil dont la paupière ne se ferme plus." Lorsqu’ils sont en vol sur le théâtre des opérations extérieures, tout ce que les pilotes des hélicoptères militaires regardent est filmé et ensuite archivé. C’est en s’appuyant exclusivement sur ces images (tournées par les troupes américaine et françaises en Afghanistan, en Irak et au Pakistan) et sur le témoignage anonyme d’un pilote que la réalisatrice Eléonore Weber a conçu Il n'y aura plus de nuit [+], un documentaire stupéfiant et minutieux racontant la guerre intégralement dans l’œil du viseur et s’élargissant progressivement des explications techniques très précises à de vastes questions de morale et de société. Un film passionnant réussissant à dépasser à la fois brillamment et sobrement, grâce une narration en voix-off particulièrement bien dosée et pertinente, la difficulté de n’utiliser que des vidéos en apparence souvent monotones (les paysages et les silhouettes fantomatiques captées par les caméras thermiques). cineuropa.org/fr

  • Ce n’est pas uniquement de la dimension paranoïaque que parle Il n’y aura plus de nuit, le documentaire que Eléonore Weber a conçu à partir de matériel visuel glané sur des sites de vidéo facilement accessibles au grand public. Il s’emploie aussi à interroger notre rapport à l’image, ainsi que celui de ces hommes, investis du point de vue divin, qui doivent pourtant peser chacune de leurs décisions aux conséquences lourdes. […] Le propos du documentaire ne se résume pas à une simple indignation édifiante. Il cherche davantage à se projeter dans un avenir terrifiant, où absolument tout sera révélé au regard inquisiteur de ceux qui disposent de la technique de surveillance la plus avancée. critique-film.fr

  • C’est au début des années 90 que tout a changé avec la première Guerre du Golfe dont les images semblaient sorties d’un jeu vidéo. Un conflit dont on ne voyait plus les morts, le sang répandu, mais juste des tirs de bombes comme des feux d’artifices. La guerre-spectacle dans toute sa splendeur… hollywoodienne. […] Par-delà ce spectacle hypnotisant, ce documentaire pose la question du regard objectif. Chez le militaire en action comme chez le spectateur profane. Deux angles de vue distincts mais qui se retrouvent sur un point : plus on regarde, plus ce qu’on voit nous échappe. Car ces images censées mettre la vérité à nu ont, à l’inverse, tendance à halluciner le réel. Plus on nous donne à voir, moins on sait, raconte Il n’y aura plus de nuit. Une réflexion pertinente à l’aune de notre quotidien, loin des terrains de guerre, où la surveillance par drone tend à se développer. premiere.fr

  • Composé d'archives enregistrées par des pilotes en opération, le film d'Eléonore Weber, du même mouvement, fascine et interroge quant aux effets des technologies militaires, mais aussi des pulsions de chacun. […] Le film rend sensible, et compréhensible, combien ces technologies et ces pratiques sont déclinables, et en partie déjà déclinées dans d'autres situations que celles des guerres, y compris dans le domaine de formes de surveillance et de répression policière, ou par des organismes privés. Mais aussi, et peut-être surtout, le film amène qui le regarde à s'interroger sur ses propres perceptions, ses propres désirs, ses propres relations plus ou moins instinctives, plus ou moins formatées, avec ce à quoi on assiste. slate.fr