En nous
Il y a dix ans, Emmanuelle, professeure de français d’un lycée des quartiers Nord de Marseille, participait avec ses élèves au très beau documentaire Nous, princesses de Clèves, de Régis Sauder. À partir de l’étude du roman de Madame de La Fayette, Abou, Morgane, Laura, Cadiatou et les autres y énonçaient leurs rêves, leurs désirs et leurs
peurs. Le réalisateur les retrouve aujourd’hui et les souvenirs se mélangent aux récits de leur vie et des obstacles qu’ils doivent continuer à surmonter sans perdre l’espoir de trouver une place dans la société. Résonne alors cette phrase de la Princesse de Clèves : « Je sais bien qu’il n’y a rien de plus difficile que ce que j’entreprends ».
Critiques
Si le cinéma ne change pas le monde, il y a des films qui s’opposent aux coups qui nous sont portés, à nous tous. Des films qui forcent à la clairvoyance, à l’intelligence, à l’empathie et nous invitent à nous donner la main. En Nous est de ceux-là. Dix ans après Nous, Princesses de Clèves, les jeunes gens que Régis Sauder a retrouvés portent d’une même voix un désir de commun tandis que leurs parcours prouvent que la vie a plus d’imagination que nous. www.cinemadureel.org
Adolescents, ils avaient en commun un lycée, incarné aujourd’hui par Emmanuelle, leur professeure de l’époque qui y enseigne toujours. Elle a changé en restant à la même place et eux ont changé en se déplaçant : en quittant leur famille, leur quartier et parfois leur ville, Marseille. Le film mesure cette distance parcourue en mettant en tension les images et les récits de l’époque et ceux d’aujourd’hui. Tout dans ce film est question de distance : celle qui les sépare de leur enfance et celle qu’il reste à parcourir pour atteindre leurs objectifs. À dix ans d’écart les images racontent la maturité de l’esprit et du corps, les changements de point de vue et de posture. www.franceculture.fr