Computer chess
Début des années 1980. De jeunes génies de l’informatique s’affrontent lors d’un tournoi de programmes de jeu d’échecs. Les problèmes relationnels (notamment avec la seule fille du groupe) et la proximité d’un séminaire de thérapie de couple new-age vont corser leur week-end.
Critiques
D'où vient l'homme de 2014 ? Où est née cette créature hyperconnectée, qui a délégué à différentes formes d'intelligence artificielle la capacité de stocker sa musique et ses films, de trier son courrier électronique, de désigner les personnes avec lesquelles elle pourra flirter ? Pour Andrew Bujalski, cinéaste indépendant américain né en 1978, elle a été conçue à l'aube des années 1980, par des geeks. (…) Computer Chess, son quatrième long-métrage (…) adopte la forme ingrate et ironiquement comique du faux reportage en vidéo, en noir et blanc, pour se livrer à une sorte d'archéologie de l'humanité 2.0. (…) Vachard avec ses personnages, le réalisateur leur voue en même temps une réelle tendresse – un peu comme Lena Dunham dans sa série Girls, qui cite d'ailleurs Funny Haha comme le film qui lui a « donné envie de faire des films ». Cette tendresse, c'est ce qui permet à ces geeks de la première heure d'emporter le morceau, et d'imposer la bizarrerie de leur être au monde comme une évidence. www.lemonde.fr
Un pitch conceptuel (à l’aube des 80’s, des ordinateurs s’affrontent lors d’un tournoi d’échecs tenu dans un hôtel), des figures habituelles du cinéma américain indé des années 2000 (nerds trentenaires), et une esthétisation sur un noir et blanc dont la texture renvoie à l’image d’une VHS un peu usée. Le film dépasse pourtant la simple fascination rétro, tant il exploite pleinement le potentiel d’étrangeté d’une époque navigant entre révolution technologique et fin des mouvements hippies et New-Age par la conversion de chaque élément (drogue, libération sexuelle, ordinateur, masculinité de la communauté) en scène comique. Car Computer Chess est bel et bien une comédie – désopilante, peut-être la plus drôle de ces dernières années –, où la douceur du regard porté sur ces geeks déjà obnubilés par leurs machines et si mal à l’aise dans leur capacité à interagir avec autrui se marie à la frénésie bizarre d’une époque acidulée. www.critikat.com