Les messagers
Des migrants meurent tous les jours, en des lieux éparpillés, sans que l’on ne puisse en garder la trace. Ils disparaissent dans la frontière. Où sont les corps ? Les Messagers, ce sont ces premiers témoins, ils nomment la mort, s'organisent pour retrouver un nom, un corps ou bâtir une sépulture. Dépositaires de la mémoire des disparus, ils résistent à la disparition de l’humain.
Critiques
« Ils sont où tous les gens partis et jamais arrivés ? » (…) Les Messagers se poste sur la frêle limite qui sépare les migrants vivants des migrants morts. (…). Ici, le montage alterne des entretiens avec un chef de la garde civile espagnole (sur la barrière high tech « pas nocive envers les migrants ») et les témoignages d’une densité et d’une sobriété poignante de voyageurs qui parlent pour leurs compagnons de route malchanceux, noyés ou tués par balles à leurs côtés. Cette focalisation sur les morts sans sépulture interroge la part fantôme de l’Europe. D’où il ressort que sous certains aspects, la notion de frontière recouvre celle de la fosse commune : faille où engloutir un excédent d’humanité dont la parole des « messagers » serait la seule relique. Charlotte Garson – Les Cahiers du cinéma