Le silence des autres
1977. Deux ans après la mort de Franco, dans l’urgence de la transition démocratique, l’Espagne vote la loi d’amnistie générale qui libère les prisonniers politiques mais interdit également le jugement des crimes franquistes. Les exactions commises sous la dictature et jusque dans les années 1980 (disparitions, exécutions sommaires, vols de bébés, torture) sont alors passées sous silence. Mais depuis quelques années, des citoyens espagnols, rescapés du franquisme, saisissent la justice à 10 000 kilomètres des crimes commis, en Argentine, pour rompre ce « pacte de l’oubli » et faire condamner les coupables.
La séance du dimanche 14 avril à 18h30 s’inscrira dans le cadre du Festival Art et Politique (du 10 au 14 avril 2019). La projection sera suivie d’une discussion avec Aitana Pérez, étudiante espagnole en 2e année à Sciences Po.
SÉANCE DU 14/04/19 : TARIFS HABITUELS (SAUF ÉTUDIANTS ET CARTE CULTURE 3 €)
Critiques
Produit par Almodóvar, ce documentaire raconte le combat de certains d’entre eux, forcés de saisir la justice depuis l’Argentine pour briser ce pacte de l’oubli. Pédagogique mais jamais scolaire, il se vit comme un véritable suspense, au rythme de la course contre la montre entreprise par des victimes qui veulent voir leurs bourreaux derrière les barreaux avant de mourir. Une oeuvre d’utilité publique et universelle. www.premiere.fr
Un film émouvant sans doute, bouleversant même, mais surtout d’une rigueur intellectuelle et historique impeccable. La raison, la précision des faits, au service du droit universel. Les enfants et les petits-enfants des assassinés de la guerre civile, désireux de sortir leurs martyrs des fosses communes, les victimes des tortures qui ont perduré jusqu’en 1975, tous sont filmés sur le temps long, suivis dans leur lutte de Sisyphe. (…) Pedro et Agustín Almodóvar ont commis une bonne action en produisant ce film indispensable. www.avantscenecinema.com
Que le sous-sol de l'Espagne soit encore plein de cadavres non-identifiés et de fosses communes, qu'il y ait encore des rues et places qui portent le nom de militaires fascistes et que soit encore en vigueur une loi d'amnistie de 1977 qui a mis en place un pacte de silence obligatoire en dit trop long sur une nation qui est peut-être encore gouvernée par des complices silencieux de ces atrocités qui n'ont jamais été jugées, parce qu'elles ne sont pas considérées comme des crimes contre l'humanité. Ce documentaire, courageux, émouvant, agile, nécessaire et instructif, ose réclamer une vérité qui fait mal mais qui est celle que toute démocratie a besoin de traiter de front pour progresser sainement, dans le respect et l'équité. cineuropa.org