La Passagère
Liza subit un choc, quand, lors d'une croisière en compagnie de son mari, elle croit reconnaître parmi les passagers une jeune femme, Marta, ex-détenue du camp d'Auschwitz où elle était surveillante SS. Liza, dont le mari ignore cette partie de sa vie, se souvient de son passé terrifiant. Ce sont d'abord des fragments en vrac qu'elle arrange afin de construire un récit à l'intention de son mari, et dans le but de se justifier, mais peu à peu la véritable histoire se reconstitue.
*VERSION RESTAUREE*
La projection du lundi 6 mars à 19h sera précédée d’une présentation par les Ambassadeurs étudiants du Dietrich.
TARIF SÉANCE LUNDI 06/03 : 5,50 € – 4 € (TARIFS RÉDUITS)
Critiques
En nous laissant un film inachevé, Andrzej Munk nous permet de nous interroger sur ce qui fait l’essence du cinéma. L’incertitude qui plane sur ce qu’aurait été La passagère une fois terminée n’enlève rien aux émotions qui nous saisissent pendant cette découverte du camp. Ce qui importe n’est pas le cadre de la narration, mais uniquement le spectacle macabre que nous contemplons à travers la mise en scène froide, mais toujours juste, du cinéaste. Elias, étudiant Ambassadeur cinéma du Dietrich
A l’instar du personnage de Marta semblant ressurgir du passé sur le paquebot, La Passagère est, dans sa forme elle-même, une sorte de film-fantôme. Sorti en 1963, son réalisateur, Andrzej Munk, mourut deux ans plus tôt d’un accident de voiture, et il n’a pu tourner que les scènes se déroulant dans le passé, dans un camp de concentration. Il put être achevé, d’une certaine façon, par des amis et collaborateurs du cinéaste, en ajoutant aux scènes déjà tournées des photos prises durant les repérages accompagnées d’une voix off, un peu comme dans La Jetée de Chris Marker, sorti un an plus tôt. La voix commentant les passages se déroulant dans l’après-guerre, permettent de pleinement ressentir la part inachevée de ce film, disant que, bien que l’on en ait des traces, nous ne saurons jamais exactement comment le défunt cinéaste aurait tourné ces plans inachevés, et comment il les aurait intégrés aux plans précédemment tournés. Ce film pose la question de la responsabilité de l’individu dans les heures les plus sombres de l’histoire de l’humanité, en confrontant une ancienne gardienne de camp de concentration à ce qu’elle reconnaît être une ancienne détenue, bien que cela ne soit jamais confirmé. Ces plans achevés, montrant ces camps près de quinze ans après la fin de la seconde guerre mondiale, montrent la violence et la désolation de ces lieux, mais en la laissant parfois en arrière-plan, afin tout d’abord de ne pas empiéter sur le récit principal. Mais également, cela permet de faire bien comprendre l’omniprésence de la violence dans ces lieux, comme quand il filme en arrière-plan un prisonnier attaqué par un chien. Et, à l’instar du Kapo de Pontecorvo, dont le tristement célèbre traveling sur un corps de prisonnier transpercé pardes barbelés fit polémique à sa sortie,ce film n’esthétise jamais la violence qu’il montre, en restant fixe lorsqu’il représente l’horreur que fut l’expérience des camps. Nelson, étudiant Ambassadeur cinéma du Dietrich