In Jackson Heights
Jackson Heights est l’un des quartiers les plus cosmopolites de New York. Ses habitants viennent du monde entier et on y parle 167 langues. Ce quartier incarne à lui seul la nouvelle vague d’immigration aux États-Unis et concentre les problématiques communes aux grandes villes occidentales comme l’immigration, l’intégration et le multiculturalisme. Wiseman s’invite dans le quotidien des communautés du quartier new-yorkais, filmant leurs pratiques religieuses, politiques, sociales et culturelles, mais aussi leurs commerces et leurs lieux de réunion. Il met également en lumière l’antagonisme qui se joue au sein de ces communautés, prises entre la volonté de préserver les traditions de leur pays d’origine et la nécessité de s’adapter au mode de vie et aux valeurs des États-Unis.
Critiques
Melting-pot : ce mot un peu oublié, qui fut justement si souvent associé à l'histoire de New York, Wiseman cherche à le ranimer, il s'en sert comme d'une boussole. Pour cela, il met l'accent sur ce qui fonde la vie d'un quartier : le forum. (…) Des problèmes, il y en a. À commencer par la spéculation immobilière et la gentrification, qui menacent à terme l'activité des petits commerces du quartier. Des militants associatifs passent dans les boutiques de Roosevelt Avenue, font circuler l'information, une mobilisation s'organise. Wiseman englobe beaucoup d'événements, d'anecdotes, d'impressions, en privilégiant les notes d'optimisme. Il souligne ce qui concourt à la cohabitation de tous ces citadins se revendiquant pour la plupart d'une communauté, mais attachés aussi fortement à cette notion abstraite de « quartier ». Et, au-delà, à une certaine idée de l'Amérique. (…) Aurait-on assisté à un conte de fées ? Plutôt à un genre d'utopie urbaine réalisée. Rien de plus stimulant. www.telerama.fr
Ce que montre Wiseman, au-delà de la fin d’une époque et du début d’une autre, dans une petite partie du monde, c’est la beauté d’une démocratie vivante. Malgré tout.(...) Nulle illusion, pas d’utopie chez Wiseman : Jackson Heights continuera à se dissoudre. La paix sociale, la fin de l’ultralibéralisme ne sont pas pour aujourd’hui, et le film est loin de faire dans le patriotisme démocrate larmoyant ou angélique. Mais pour ces moments qui témoignent d’une réalité, des valeurs politiques d’hommes et de femmes comme vous et moi, qui tentent simplement de vivre le mieux possible ensemble en respectant ce qu’est l’autre et en s’affirmant tels qu’ils sont, on remercie une nouvelle fois Frederick Wiseman : il a toujours foi en l’homme et nous le communique. C’est énorme. C’est l’un de ses plus beaux films. www.lesinrocks.com