J'veux du soleil
Dans la vie des peuples, il est des saisons magiques. Soudain, des Corinne, des Carine, des Khaled, des Rémi, des Denis, des Cindy, des Marie, d’habitude résignés, longtemps abattus, se redressent, se dressent contre l’éternité d’une fatalité. Ils se lient et se liguent, leurs hontes privées, accumulées, se font colère publique, et à leurs seigneurs, à leurs maîtres, aux pouvoirs, ils opposent leurs corps, leurs barricades, leurs cabanes. Leurs voix, surtout : la parole se libère, déchaînée, pour réclamer une part de bonheur. Les réalisateurs François Ruffin (Merci Patron) et Gilles Perret (La sociale) ont recueilli fin 2018 la parole de gilets jaunes au cours d'un périple à travers la "France des ronds-points".
Les séances des jeudi 4, mardi 16, vendredi 19 et mardi 30 avril à 21h seront précédées du court-métrage Occupé des gilets jaunes et du clip Gilet Jaune réalisé par Olive Laporte et les musiciens du quartier, tournés à Poitiers et ses environs, et seront suivies d’une rencontre avec des membres des gilets jaunes de la Vienne autour de leurs expériences individuelles.
Courts-métrages :
Occupé, Gilets Jaunes - Poitiers et environs, France (décembre 2018) – 3’18
Clip Gilet Jaune, par Olive Laporte et les musiciens du quartier - Poitiers (mars 2019) – 5’50
Critiques
D’Amiens à Marseille, la caméra de Perret a capté, bruts de décoffrage, les témoignages de ces Français plongés dans la précarité, la pauvreté, l’exclusion, le désespoir. Intérimaires, chômeurs, travailleurs indépendants, handicapés, retraités, sur les ronds-points ou chez eux, ils livrent à Ruffin, avec dignité et émotion, leur détresse et leur quotidien de misère. Les femmes, les plus directes, sont bouleversantes. www.liberation.fr
Il n’est pas aisé d’avoir suffisamment de recul pour analyser le temps présent, donc il est logique d’être d’abord perplexe à l’égard de réalisateurs qui axent leur film sur un événement politique en cours et ne prennent pas plus de temps pour le finaliser (surtout si on a soi-même du mal à se positionner face au mouvement social en question). Mais Ruffin et Perret n’essaient heureusement pas d’expliquer le mouvement des Gilets jaunes, ni d’en faire l’histoire. Et s’ils ne cachent pas leurs idées, il serait injuste de considérer le film comme une simple récupération politique. La vérité est entre les deux, avec une démarche profondément sincère. www.abusdecine.com