Goodnight Mommy
En plein été, dans une maison de campagne perdue au milieu des champs de maïs et des bois, des jumeaux de 10 ans attendent le retour de leur mère. Lorsqu’elle revient à la maison, le visage entièrement bandé suite à une opération de chirurgie esthétique, les enfants mettent en doute son identité…
Critiques
Pour leur premier long-métrage, le tandem Veronika Franz & Severin Fiala signe une œuvre bicéphale, tentative aussi audacieuse que fructueuse de croiser le cinéma d’auteur intimiste et le registre de l’horreur plus classique à base de têtes blondes déviant vers de sombres horizons malades. (…) Tour à tour onirique et tellurique, entre la raison et la folie, à la frontière entre le rêve confondant et la réalité malsaine, entre le fantastique énigmatique, le thriller psychologique et le drame familial bouleversant, entre la démonstration d’horreur et la pudeur hors champ, Goodnight Mommy joue avec les angles morts, cultive les paradoxe, cultive une diversité de contenu propre à ses œuvres capables de ballotter le spectateur pour sans cesse le surprendre et le pousser à tout remettre en question constamment. Sadique, glaçant, tétanisant, jusqu’au-boutiste, et pourtant émotionnellement fort derrière sa cruauté de façade, Goodnight Mommy finit par devenir si singulier, que l’on finit par ne plus rien croire. Même ce que l’on a pris pour acquis, même ce que l’on pense avoir compris et deviné entre les lignes. Car ses deux auteurs jouent habilement avec nous comme des marionnettes dirigées par leurs mains expertes dans l’art du dédoublement tortueux. Le fait que le film soit esthétiquement léché, qu’il brille d’une beauté semblable à un diamant brut, qu’il soit interprété avec un démonisme jouissif par un duo de jeunes jumeaux capables de passer de l’angélisme à l’inquiétant en un battement de cil, comme si l’on était invité à pénétrer dans la jeunesse traumatisée des futurs post-adolescents de Funny Games, ne fait qu’abonder dans son sens : Goodnight Mommy est une prouesse inattendue, une humble surprise, une sorte de dédale se refermant sur le spectateur comme un piège finement pensé, intelligemment exécuté, follement effrayant et pervers. Un piège concocté selon une recette en trois stades de préparation visant le saisissement à vif d’une œuvre ferme et délicate, puissante et charnelle. mondocine.net
Huit clos étrange et froid, Goodnight Mommy s’inscrit dans la tradition du cinéma radical venu d’Autriche. Distillant un malaise de plus en plus tangible, il évoque bien évidemment Michael Haneke (Funny Games) dans sa forme épurée et sa montée de violence implacable. (…) Goodnight Mommy interpelle et provoque sans jamais être racoleur. Le duo de réalisateurs évite effectivement le piège de la gratuité nauséabonde car si graphiquement certaines séquences dans le dernier tiers sont éprouvantes, l’ensemble ne bascule pas pour autant dans le torture porn craspec. Intelligent dans sa mise en place efficace d’une atmosphère glaçante, ce thriller psychologique d’excellente facture peut néanmoins déconcerter certains spectateurs. Point de jump scares ou d’artifices éculés (qui a dit « Ouija »?), ici on est plutôt dans quelque chose de réflexif et de contemplatif. Au risque certes d’accuser quelques longueurs, Goodnight Mommy prend le temps d’instaurer son ambiance afin de mieux partir en vrille dans sa seconde partie. Les amateurs de bambins sadiques seront servis ! www.films-horreur.com