Winter sleep

De Nuri Bilge Ceylan
Haluk Bilginer, Melisa Sözen, Demet Akbağ
Turquie - 2013
3h16
drame
VOST
diffusion : 2014
S
P

Aydin, comédien à la retraite, tient un petit hôtel en Anatolie centrale avec sa jeune épouse Nihal, dont il s’est éloigné sentimentalement, et sa sœur Necla qui souffre encore de son récent divorce. En hiver, à mesure que la neige recouvre la steppe, l’hôtel devient leur refuge mais aussi le théâtre de leurs déchirements...

Palme d’or et Prix FIPRESCI de la critique internationale (Cannes 2014)

Critiques

  • Avec une précision chirurgicale, le cinéaste nous invite à pénétrer dans une atmosphère atypique où chaque mot, chaque geste trouve sens. La caméra commence par nous dresser le portrait d’un homme cynique, arrogant, immensément riche, gérant d’un hôtel et propriétaire de nombreuses terres. Le film semble alors s’inscrire dans le récit du conflit de cet homme avec l’un de ses locataires, mais il s’agit uniquement de l’une des premières fausses pistes que le cinéaste va s’amuser à distiller tout au long de cette expérimentation cinématographique. (…) Avec un sens aiguisé du verbe, le réalisateur nous offre des joutes verbales des plus jouissives, brassant des thèmes extrêmement variés, de la légitimité des critiques à l’extrémisme religieux, en passant par la question du pardon, de la violence des hommes ou encore l’attitude à adapter face aux personnes mal intentionnées. (…) Mais sous son apparence austère, le métrage bénéficie d’un humour ravageur, d’un second degré résonnant parfaitement avec le caractère strict de l’ensemble. Et Nuri Bilge Ceylan se moque lui-même de l’aspect bavard de son exercice de style aux tendances « bergmaniennes », notamment dans cette scène où les personnages, sous l’emprise de l’alcool, en perdent leur latin. Avec une maitrise parfaite de sa trame narrative, le metteur en scène a su créer un puzzle philosophique, pudique et poignant, où chaque pièce s’imbrique parfaitement pour sans cesse surprendre le spectateur. Alors que l’on s’attendait à un film poussiéreux et interminable, on se réjouit face à ce pur moment de cinéma, où la poésie se mêle à une profonde réflexion sur la nature humaine. www.abusdecine.com

  • Au-delà de sa chronique provinciale en huis clos, à l’écart du monde et environné d’une nature souveraine, embellie et assourdie par un coton neigeux, Nuri Bilge Ceylan dépasse l’anecdote et le décoratif pour une étude à la profondeur et à l’intelligence vertigineuses sur à peu près tout ce qui constitue la condition humaine, du rapport aux autres et au monde, à la société et à soi-même, des limites du bonheur et de la liberté. (…) Difficile de suffisamment vanter la beauté des dialogues et de la mise en scène du film, d’un niveau exceptionnel dans le cinéma contemporain. On n’a pas employé le mot « chef-d’œuvre » mais on n’en pense pas moins. www.arte.tv

  • Nuri Bilge Ceylan reproduit une vision qui paraît exhaustive (3h16 !) des émotions et réflexions qui habitent ce village de montagnes turques et il le fait très bien. En fait, Winter sleep pourrait être une série télé sous la forme de plusieurs épisodes (…). Comme dans la mini-série de Jane Campion Top of the lake. Car, avec elle, Winter sleep partage le goût pour l’intrigue mystérieuse en début de métrage qui s’évapore pour laisser place aux réflexions existentielles, aux portraits d’homme et de femmes complexes et sans concessions et aux visions à couper le souffle. www.leblogducinema.com