Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma soeur et mon frère

De René Allio
Claude Hébert, Jacqueline Milliere, Joseph Leportier
France - 1976
2h05
drame, historique
VF
diffusion : 2021
E
P

Le 3 juin 1835, Pierre Rivière, un jeune paysan normand de vingt ans, égorge à coups de serpe sa mère, sa soeur Victoire et son jeune frère Jules. Il prend la fuite et erre plusieurs semaines dans les bois avant de se faire arrêter. A peine emprisonné, le meurtrier, que la plupart des témoins décriront comme un garçon au comportement étrange, voire sous les traits d'un idiot, entreprend la rédaction d'un texte d'une stupéfiante beauté, véritable autobiographie dans laquelle il expose les raisons qui l'on conduit à son geste : délivrer son père des " peines et afflictions " que lui faisait subir son épouse depuis le premier jour de leur mariage... Criminel monstrueux ou pauvre fou ? Le débat opposera longtemps magistrats et psychiatres.

La projection sera suivie d’une discussion avec Frédéric Chauvaud, professeur d’Histoire contemporaine à l’Université de Poitiers et spécialiste de l’oeuvre de Michel Foucault.
Dans le cadre de la programmation « Michel Foucault – Dit et écrit » organisée par la Médiathèque de Grand Poitiers, en partenariat avec le Jardin de Michel Foucault.

TARIFS HABITUELS.

Critiques

  • En adaptant pour le cinéma le célèbre cas de parricide commis par Pierre Rivière, René Allio risquait gros : un fais divers sanglant, un écrit signé du meurtrier particulièrement dense et complexe à adapter, des moyens financiers limités, des acteurs non professionnels. Mais quelque part entre la chronique rurale, la reconstitution historique et l’approche psychiatrique, Moi, Pierre Rivière ayant égorgé ma mère, ma sœur et mon frère… est une éclatante réussite, preuve d’un savoir-faire, mêlant précision du cadre et de la direction d’acteurs, qui n’est pas sans rappeler les plus grands chefs d’œuvre de Robert Bresson. www.critikat.com

  • Les statistiques montrent que les crimes de sang montèrent en flèche sous le règne de Louis-Philippe qui restera comme une époque de tueurs, celle des Enfants du Paradis et de Lacenaire. Comme si la prise du pouvoir par la bourgeoisie financière, l'avènement du roi boursicoteur et l'anticléricalisme du régime avaient soudain libéré des pulsions enfouies. Avant Foucault, dans son livre célèbre (Classes laborieuses et classes dangereuses au XIXe siècle), l'historien Louis Chevalier avait déjà étudié l'émergence de cette criminalité d'un type nouveau en exhumant les comptes-rendus des nombreux procès de serviteurs qui avaient égorgé leurs maîtres. Mais, si elle est contemporaine de ce courant souterrain, l'affaire Rivière propose une multitude d'explications possibles et contradictoires. En les passant au crible, c'est tout un monde que révèle le beau film d'Allio. www.liberation.fr