Le coeur battant

De Roberto Minervini
Sara Carlson, Colby Trichell, Tim Carlson
Italie / Belgique / USA - 2014
1h41
docu-fiction, drame
VOST
diffusion : 2014
P

Sara est une jeune fille qui grandit dans une famille d'éleveurs de chèvres. Ses parents scolarisent leurs 12 enfants à domicile et leur enseignent les préceptes strictes de la Bible. Sara doit, comme ses soeurs, apprendre à être une femme pieuse, au service des hommes, et conserver sa pureté émotionnelle et physique intactes jusqu'au mariage. Lorsqu'elle rencontre Colby, un jeune rodéo amateur, elle remet en question le seul mode de vie qu’elle ait jamais connu.

Critiques

  • Abolissant la fine frontière entre documentaire et fiction, Roberto Minervini nous plonge avec une réelle maestria formelle au cœur de la Bible Belt américaine. Il en tire une œuvre élégiaque qui ne toise jamais de haut ses protagonistes. Brillant. www.avoir-alire.com

  • À partir d’une matière puisée dans le réel même (les deux familles de Sara et Colby sont filmées telles qu’elles vivent), dans une démarche peut-être sociologique avant tout, le réalisateur Roberto Minervini a donc choisi deux familles, qu’il a filmées dans le Texas où elles vivent et dont il a monté les quotidiens en parallèle, reliant les deux modes de vie par l’intermédiaire des rencontres des deux adolescents Sara et Colby. (…) C’est un pari réussi que fait ce jeune réalisateur italien. Si le film ressemble si peu à ce qu’on attend de ces dernières caractéristiques, c’est parce que la démarche est avant tout celle d’un curieux, exilé aux États-Unis, qui s’applique à connaître le monde et les autres. Face à Sara et sa famille qui tue en elle son désir même du monde, le réalisateur met un jeune cowboy passionné de rodéo. Sur les chemins texans où ils se croisent, les deux jeunes font connaissance sans trop en dire, mais les fantasmes de la jeune fille brimée font le reste. Et une autre jeune fille, as du rodéo comme Colby, aura bien plus de chance dans le cœur du Texas boy… De cet embryon d’amourette, Roberto Minervini tire un beau tableau de sentiments fugaces et excessifs, propres à l’adolescence. Une fois de plus, on retrouve quelque chose de La Fièvre dans le sang (1961) dans un long-métrage sur la frustration de la sensualité à l’adolescence, sur l’échec de notre apprentissage sur la jeunesse. Même si ici c’est (un peu lourdement peut-être ?) la dévotion religieuse et les manipulations patriarcales et tyranniques qu’elle entraîne qui sont pointées du regard ici c’est, autant que dans sa démarche, dans la sensualité de ce qu’il montre que Roberto Minervini se distingue. Le refuge que Sara trouve auprès des animaux (des chevaux notamment), parce qu’elle les fréquente et surtout les touche quotidiennement, prend la forme dans son cœur battant d’un dialogue sourd, souterrain, sensible. La réussite de R. Minervini est précisément là : dans sa capacité à faire de son cinéma une véritable fiction du réel. www.critikat.com