Il est difficile d'être un dieu

De Alexei Guerman
Leonid Yarmolnik, Aleksandr Chutko, Yuriy Tsurilo
Russie - 2013
2h50
drame, science-fiction
VOST
diffusion : 2015
P

Un groupe de scientifiques est envoyé sur Arkanar, une planète placée sous le joug d’un régime tyrannique à une époque qui ressemble étrangement au Moyen-Âge. Tandis que les intellectuels et les artistes sont persécutés, les chercheurs ont pour mot d’ordre de ne pas infléchir le cours politique et historique des événements. Le mystérieux Don Rumata à qui le peuple prête des facultés divines, va déclencher une guerre pour sauver quelques hommes du sort qui leur est réservé…

Critiques

  • Ultime film du cinéaste russe, Alexeï Guerman, décédé peu avant la fin du tournage, Il est difficile d’être un Dieu nous convoque dans la démesure d’un cinéma de l’Est, cinématographie aux plan-séquences qui filent le tournis. Réalisateur de 6 œuvres rares, tournées en 40 ans (…), Guerman convoque la peinture la plus rugueuse, la folie des gueux d’un Goya, l’enfer bordélique de Bosch, pour juxtaposer le chaos à la beauté fulgurante de la cinématographie soviétique et de ses anciens satellites. En adaptant les frères Strougatski, connus notamment pour avoir écrit Stalker, on pense à Tarkovski, mais aussi au Satantango de Bela Tarr, à Wojcieh Has et in fine au chef d’oeuvre absolu de démence contagieuse, Requiem pour un massacre d’Elemklimov. (…) Le cinéaste furieux pose donc la question du divin et nous fait redécouvrir l’étendue d’un cinéma engagé et libre, dégagé des artifices synthétiques du cinéma contemporain. Il accouche dans la fange d’un vrai miracle cinématographique ! www.avoir-alire.com

  • On peut rationaliser, rappeler que le roman, publié en 1964, métaphorisait évidemment la gangrène poststalinienne de l’oligarchie communiste. Constat également applicable à la Russie actuelle et à ses dérives autoritaires encadrant des manipulations politico-financières. Mais dans le fond, c’est la Russie éternelle que dépeint Guerman, où esclaves et seigneurs se côtoient dans l’indifférence et la cruauté. Une société toujours aussi mal dégrossie où excès et injustice sont des normes acceptées. Si formellement cela ne ressemble pas à des films russes récents comme Leviathan ou My Joy, il y a un esprit commun ; on voit les mêmes pauvres hères, ballotés dans un capharnaüm païen où la sainteté côtoie l’enfer. Superbe pandémonium. www.lesinrocks.com